RECYCLAGE. C’est l’un des grands enjeux actuels de la filière du bâtiment et de la construction, dans l’objectif de la neutralité carbone : réfléchir au cycle de vie des produits qu’elle utilise. Exemple d’initiative avec la société Tarkett, qui déploie une stratégie de réduction de ses déchets.
Le secteur de la construction est-il tiraillé entre la stratégie bas carbone, l’enjeu sanitaire et l’économie sanitaire ? C’est à cette question que Tarkett, le spécialiste des revêtements de sol, a cherché à répondre lors d’un webinaire organisé le 29 juin en partenariat avec Upcyclea, une plateforme numérique qui accélère la transition des territoires et des entreprises vers l’économie circulaire. L’enjeu capital pour atteindre une neutralité carbone, c’est l’économie circulaire, selon Myriam Tryjefaczka, directrice développement durable et affaires publiques de Tarkett EMEA. Le secteur du bâtiment, en première ligne de la neutralité climat, doit “trouver l’équilibre au bien-être des occupants“, considère-t-elle, en appelant à une plus grande transparence sur la performance environnementale des produits du secteur.
Obtenir des revenus par la revente de matériaux
“Le bâtiment est un secteur qui ne tourne pas rond“, a répondu Christine Guinebretière, co-fondatrice et dirigeante d’Upcyclea. “On utilise 35% des ressources naturelles en Europe et 70% des volumes de déchets proviennent du bâtiment. Le problème, c’est que la majorité des produits mis en œuvre il y a 20 ou 40 ans n’ont pas été conçus pour être circulaires.” Ce n’est plus le cas aujourd’hui : certains produits peuvent être utilisés pour un bien, qui sera lui-même exploité et maintenu de telle façon qu’il produira moins de déchets. Certains matériaux peuvent même rapporter des revenus à la revente lors de leur fin de vie, a voulu rappeler la cofondatrice de la plateforme.
Grâce à une banque de données développée par Upcyclea, les professionnels ont ainsi accès aux informations d’un ensemble de produits, afin de calculer automatiquement les informations nécessaires à la conception d’un bâtiment circulaire, comme le degré de non-toxicité, l’empreinte co2 des produits et le degré de circularité (avec des produits recyclés, recyclables, réemployés et biosourcés). “Les professionnels s’intéressent de plus en plus au degré de non-toxicité, pour connaître si les produits sont bons pour la santé des habitants. C’est un patrimoine qui prend de la valeur“, a-t- elle assuré.
Le biosourcé, la solution à tout ?
Si Daphné Astaix, directrice marketing et technique de Tarkett France, a déclaré que l’enseigne est engagée depuis une dizaine d’années dans les enjeux d’économie circulaire, elle a également annoncé que 98% des matières premières de l’entreprise ont été évaluée par un organisme extérieur pour attester de leur transparence sur la non-toxicité de leurs produits. “Bien que le biosourcé est dans la lumière en ce moment, il ne faut pas occulter le reste des éléments, comme l’adéquation du produit à l’usage et la façon dont il va être traité en fin de vie.” Selon elle, le biosourcé ne serait pas la réponse à tout, alors même que la crise des pénuries de matières premières touche de plein fouet le secteur de la construction.
Le spécialiste des revêtements de sol travaille à “réduire l’impact environnemental de [ses] usines, en utilisant des énergies renouvelables et en mettant en place un circuit fermé pour permettre une meilleure gestion de l’eau“.
Le programme ReStart a également comme principe de recycler les chutes de ses produits. “Chaque mètre carré qu’on récupère en fin d’usage permet d’économiser 9,8 kg de CO2″, a chiffré Daphné Astaix. La société a également remplacé la matière fossile par de la matière biomasse pour sa collection de revêtement de sol vinyle durable iQ Natural, dont la durée de vie est estimée à trente ans. Airmaster, une autre de ses moquettes, “capte les particules fines pour une une meilleure qualité d’air intérieur“. Quant à la nouvelle collection Serene, les moquettes sont fabriquées à partir de filets de pêche recyclés et fils de moquette. “Elles sont 100% recyclables en fin de vie dans nos usines.”
127.000 tonnes de matériaux recyclées
La société s’est félicitée d’avoir recyclé 127.000 tonnes de matériaux en 2020, soit 253.000 tonnes d’émissions de CO2 économisés. “Pour avoir une idée de ce que cela représente, c’est plus que ce que produisent nos usines“, a expliqué Myriam Tryjefaczka. Selon elle, le passeport produits, à l’image d’Upcyclea, doit s’imposer pour permettre le calcul de l’empreinte circulaire du bâtiment.
“L’impact des dérèglements climatiques va coûter très cher à la société, en termes de pénuries de matériaux, de problématique de santé publique avec les canicules, et futures épidémies. Nous avons voulu anticiper cela, ce qui n’était pas encore dans la réglementation. Si on veut respecter des niveaux faibles d’émissions, il faut penser au recyclage“, a appelé Myriam Tryjefaczka.
[Source Batiactu – article rédigé par Lilas-Apollonia Fournier, le 29/06/21]