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L’empreinte carbone, indicateur clé de l’impact environnemental, représente la somme des émissions de gaz à effet de serre, exprimée en équivalent CO2, générée directement ou indirectement par une entité.

Dans le secteur de l’immobilier, cette empreinte est particulièrement significative, bien que peu de propriétaires en ai réellement conscience. En effet, les bâtiments sont de grands consommateurs d’énergie et sources d’émissions tout au long de leur cycle de vie que ce soit lors de la construction, l’exploitation ou la démolition (et tout ça sans même aborder la consommation énergétique).

Pour les acteurs du secteur, notamment les foncières et les bailleurs sociaux, la gestion rigoureuse de l’empreinte carbone Scope 3 est donc indispensable pour s’aligner sur les objectifs climatiques et renforcer leur responsabilité environnementale, sans oublier les obligations légales qui deviennent de plus en plus contraignantes.

 

 

Fondamentaux du scope 3

 

A. Définition et perspectives

  1. Nature du scope 3

Le Scope 3, dans le cadre de la gestion des émissions de gaz à effet de serre, englobe un large éventail d’émissions indirectes qui ne sont pas directement produites par les activités de l’entreprise, mais qui sont néanmoins intrinsèquement liées à ses opérations. Ces émissions proviennent de sources externes à l’entreprise, notamment de la chaîne d’approvisionnement et des activités post-consommation.

Dans le secteur de l’immobilier et du bâtiment, le Scope 3 prend une dimension particulièrement significative. Chaque produit et matériau utilisé dans la construction d’un bâtiment possède sa propre empreinte carbone, qui doit être prise en compte dans le calcul global de l’empreinte Scope 3 du bâti. Cette empreinte englobe plusieurs étapes clés :

En résumé, pour calculer précisément le Scope 3 dans le secteur du bâtiment, il est essentiel de considérer l’ensemble de ces étapes pour chaque matériau et produit utilisé. Cette approche holistique permet aux entreprises du secteur immobilier de mieux comprendre et gérer leur impact environnemental global.

Pour les foncières et bailleurs sociaux, le bâti constitue environ 90% de l’empreinte carbone du scope 3. Cette dominance s’explique par l’intensité carbone des matériaux de construction et des processus associés, soulignant l’importance d’adopter des pratiques de construction et de rénovation bas carbone.

  1. La data, le nerf de la guerre

La précision dans le calcul du Scope 3 repose fortement sur la qualité et la disponibilité des données. Contrairement aux Scopes 1 et 2, où les émissions sont souvent directement mesurables et plus facilement attribuables aux activités de l’entreprise, le Scope 3 nécessite une collecte de données plus étendue et complexe. Cette complexité provient de la nécessité de prendre en compte les émissions indirectes générées tout au long de la chaîne de valeur, y compris celles liées à la production, au transport, et à la fin de vie des produits et matériaux utilisés.

Dans ce contexte, l’accès à des données fiables et détaillées est crucial. Des plateformes spécialisées, telles que la Librairie de Passeports circulaires d’Upcyclea, jouent un rôle essentiel en fournissant des informations précises sur l’empreinte carbone des matériaux et produits. Cette librairie offre un accès à des données détaillées sur les produits, y compris leur composition, leur origine, leur impact environnemental, et leur potentiel de réutilisation ou de recyclage.

En utilisant ces données, les entreprises peuvent calculer plus précisément les émissions du Scope 3 associées à chaque élément de construction. Par exemple, en accédant aux informations sur l’empreinte carbone d’un type spécifique de béton ou d’acier utilisé dans un projet, les entreprises peuvent intégrer ces données dans leur calcul global du Scope 3. De plus, ces informations aident à identifier des opportunités de réduction des émissions, telles que le choix de matériaux à faible impact carbone ou la conception de bâtiments facilitant le recyclage et la réutilisation des matériaux.

B. Cadre juridique et obligations de calcul du scope 3

La prise en compte du scope 3 est de plus en plus encadrée par des réglementations internationales et nationales. Ces réglementations visent à renforcer la transparence et la responsabilité des entreprises en matière de durabilité, en les obligeant à calculer et à communiquer leurs émissions indirectes.

  1. Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD)
    • Objectifs et portée : La CSRD, une initiative de l’Union Européenne, vise à étendre les exigences de reporting en matière de durabilité aux grandes entreprises. Elle impose la déclaration des émissions de scope 3, soulignant l’importance de la transparence dans les activités indirectes des entreprises.
    • Implications pour les entreprises : Les entreprises concernées doivent mettre en place des systèmes de suivi et de reporting robustes pour leurs émissions de scope 3, ce qui implique une collecte de données détaillée sur toute la chaîne de valeur.
  2. Taxonomie européenne
    • Définition et application : La taxonomie européenne est un système de classification qui vise à orienter les investissements vers des activités plus durables. Elle inclut des critères spécifiques liés aux émissions de scope 3, en particulier pour les secteurs à forte intensité carbone comme l’immobilier.
    • Rôle dans la gestion du scope 3 : Cette réglementation encourage les entreprises à adopter des pratiques plus durables en intégrant les considérations de scope 3 dans leurs décisions d’investissement et de développement.
  3. Autres lois et réglementations
    • Lois nationales et régionales : Plusieurs pays ont introduit des législations qui exigent le calcul et le reporting des émissions de scope 3, notamment dans le cadre de leurs engagements envers les accords climatiques internationaux.
    • Impact sur les stratégies d’entreprise : Ces lois poussent les entreprises à évaluer de manière plus approfondie leur impact environnemental indirect et à rechercher des moyens de réduire leurs émissions à travers toute leur chaîne de valeur.
  4. Conséquences pour le secteur immobilier
    • Importance accrue du calcul du scope 3 : Pour les foncières et les bailleurs sociaux, la conformité avec ces réglementations implique une attention particulière au calcul du scope 3, en raison de l’importance des émissions indirectes liées aux matériaux de construction et à l’exploitation des bâtiments.
    • Opportunités et défis : Bien que le calcul du scope 3 présente des défis en termes de collecte de données et d’analyse, il offre également des opportunités pour améliorer l’efficacité énergétique, réduire les coûts et renforcer la durabilité globale des projets immobiliers.

En résumé, le cadre juridique autour du scope 3 impose aux entreprises, notamment dans le secteur immobilier, de développer des stratégies complètes pour mesurer et réduire leurs émissions indirectes. Ces réglementations, tout en représentant un défi, sont également une opportunité pour les entreprises de contribuer de manière significative à la lutte contre le changement climatique et de s’engager vers un avenir plus durable.

C. Comment mesurer son scope 3

  1. Identification des sources d’émissions
    • Analyse de la chaîne de valeur : Commencez par identifier toutes les activités en amont et en aval qui contribuent à votre empreinte carbone. Cela inclut les matériaux de construction, les services sous-traités, les déplacements professionnels, et la gestion des déchets.
    • Catégorisation des émissions : Classez ces activités selon les catégories standard du scope 3 pour une meilleure organisation et analyse.
  2. Collecte de données
    • Sources de données : Recueillez des données sur les émissions de chaque activité identifiée. Cela peut impliquer la collaboration avec des fournisseurs, l’utilisation de bases de données sectorielles, ou l’application de facteurs d’émission standards.
    • Estimations et hypothèses : Dans certains cas, il peut être nécessaire de faire des estimations ou d’utiliser des hypothèses pour combler les lacunes des données.
  3. Calcul des émissions
    • Utilisation de facteurs d’émission : Appliquez des facteurs d’émission appropriés aux données collectées pour convertir les activités en équivalents CO2.
    • Méthodologies de calcul : Suivez des méthodologies reconnues comme celles proposées par le GHG Protocol pour assurer la précision et la cohérence de vos calculs.
  4. Gestion des incertitudes
    • Reconnaissance des limites : Soyez conscient des limites et des incertitudes inhérentes à votre calcul et communiquez-les clairement dans vos rapports.
    • Amélioration continue : Engagez-vous dans un processus d’amélioration continue pour affiner vos calculs au fil du temps, à mesure que de meilleures données et méthodes deviennent disponibles.
  5. Reporting et communication
    • Transparence dans le reporting : Communiquez vos résultats de manière transparente, en suivant les lignes directrices de reporting telles que celles de la CSRD ou de la taxonomie européenne.
    • Utilisation des résultats : Utilisez les résultats de votre calcul pour informer vos stratégies de réduction des émissions et pour communiquer vos engagements en matière de durabilité.

En résumé, le calcul de l’empreinte carbone scope 3 est un processus complexe mais essentiel pour les entreprises cherchant à comprendre et à réduire leur impact environnemental global. Une approche méthodique, soutenue par une collecte de données rigoureuse et l’utilisation de méthodologies standardisées, est cruciale pour obtenir des résultats précis et significatifs

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