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par Olivier Chaslot

Product Owner du logiciel de gestion circulaire myUpcyclea

 

On associe souvent la « Tech for Good » à une technologie utilisée dans un domaine « bon pour l’environnement » ou « bon pour la société ». Pour moi, ce raccourci pose deux problèmes :
-on sous-entend que toute entreprise technologique dont le domaine de compétence touche à l’environnement ou à la société, est effectivement bonne pour l’environnement ou la société
-plus important, on dispense alors toutes les autres entreprises technologiques de se demander comment elles pourraient prendre en compte leur impact sociétal.

Les nouvelles technologies sont aujourd’hui largement utilisées dans des secteurs qui ne sont ni « bons » ni « mauvais » (bourse, bitcoin, voiture autonome…etc.). Or, pour ces entreprises là, les enjeux sociaux sont tout aussi grands : tôt ou tard, une voiture autonome aura le choix entre 80% de probabilité de faire 2 handicapés, et 50% de probabilité de faire 1 mort. Que choisira-t-elle alors ? La réponse est dans la façon dont les algorithmes ont été conçus.

De la même façon, une intelligence artificielle au service d’une « bonne » cause pourrait être totalement dévoyée si les axiomes qui ont servi de base à son développement n’intègrent pas une vision systémique du problème abordé.

En réalité, il faut même faire beaucoup d’efforts pour que ces technologies, et plus généralement les entreprises qui les possèdent, prennent des décisions véritablement « bonnes » pour la planète et société.

Si l’on se fixe par exemple en objectif la pertinence des algorithmes, la satisfaction de l’utilisateur, on peut très facilement dériver vers des outils comme le moteur de recherche Google, ou les recommandations Youtube. Ces algorithmes confortent les utilisateurs dans leurs croyances et leurs préférences. Ils freinent donc la remise en question et les points de vue complexes, en plus de nécessiter de plus en plus de données personnelles pour remplir leurs objectifs.
(Pour aller plus loin : Voir post ou articles de Guillaume Chaslot)

Quand l’argent est placé en unique objectif, on peut très facilement imaginer les conséquences néfastes pour la société. Dans ces modèles là, très souvent, de nombreux emplois sont perdus sur l’autel de l’optimisation. Pour les autres on observe régulièrement une accentuation des disparités : seuls quelques rares peuvent tirer leur épingle du jeu et gagner de l’argent grâce au système proposé (qu’il s’agisse de l’algorithme de référencement de contenu musicaux ou bien d’une plateforme d’achat en ligne, pour ne citer que ces exemples)
(Pour aller plus loin : Voir vidéo sur le sujet de @Mehdi Moussaid)

Quand l’objectif est au contraire de garantir à son client une utilisation gratuite, cela n’améliore pas les choses. On ne peut que citer Facebook qui collecte, utilise et vend nos données personnelles aux publicitaires, selon l’adage : si quelque chose est gratuit, c’est que c’est toi le produit.

Comment alors concilier les différents enjeux d’une entreprise tout en conservant son impact positif ?

Upcyclea, comme toutes les entreprises technologiques, se retrouve confrontée à cette problématique. Pour nous, il s’agit de répondre aux questions : comment garantir le meilleur scénario possible lors d’une déconstruction d’un bâtiment ? Que recycler en premier ? Qu’est ce qui a le plus d’impact ? Vers qui se tourner ? etc. etc.

De très nombreux facteurs sont à prendre en compte dans la réponse à ces questions, et se cantonner à une version réduite du problème nuirait à notre impact positif sur la société et l’environnement.

L’une des solutions que nous avons choisie est de donner à nos utilisateurs différents indicateurs qui vont l’aider à faire ses propres choix. Empreinte carbone, toxicité, taux de recyclage, énergie grise, impact social, utilisation de l’eau et valeur financière… nous assurons une transparence totale sur TOUTES ces données-là, qui permettrons à nos clients de trouver leur meilleure solution.

Seulement alors, peut-on concevoir des algorithmes non naïfs permettant réellement d’améliorer la société.

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